Prévenir le ruissellement

La contribution de l’agriculture à la prévention du risque ruissellement, érosion et inondation

Sur un territoire rural où près de 80 % de la surface est à usage agricole, le Syndicat met en place des dispositifs d’aides auprès des exploitants agricoles qui sont concernés et gèrent les ruissellements. La mise en place d’aménagements tels les haies ou les fascines est complémentaire des travaux d’ouvrages structurants indispensable à la protection des biens et des personnes. Cependant, l’ensemble des aménagements d’hydraulique douce et structurants est un moyen curatif de régler les désordres occasionnés par les ruissellements.

Depuis plusieurs années, le Syndicat se pose la question de la pérennité de ces aménagements à long terme et cherche le moyen de pallier au coût d’entretien des ouvrages ou de l’inappropriation de certains aménagements par leur propriétaire. Avec le contexte agricole actuel, notamment celui de l’élevage, nos herbages sont détruits au fur et à mesure (près de 300 ha en 2015) laissant place à de grandes parcelles de cultures. Sans ces zones de dilution et de sédimentation, les aménagements d’hydraulique douce se retrouvent vite saturés et ne peuvent contrecarrer ce phénomène.

Pour cela, la profession agricole aidée par le Syndicat se doit de réfléchir à de nouvelles pratiques agricoles qui, dès l’origine, produiront moins de ruissellements érosifs. Il s’agit de réaliser des mesures préventives au travers d’un certain nombre de pratiques/techniques agricoles.

Les principes de l’agriculture de conservation de nos sols

Les sols du Pays de Caux présentent des teneurs en limons très importantes avec peu d’argile et surtout peu de matière organique. Cette particularité les rend très sensibles aux impactes des gouttes de pluie formant ainsi une croûte de battance. Ceci empêche l’infiltration de l’eau et la capacité de rétention en eau du sol est réduite, voire quasiment nulle.

Le principe de l’agriculture de conservation est de replacer le sol et son intéraction avec le végétal au centre de l’activité agricole. Trop souvent considéré comme un support inerte, le sol présente en réalité des caractéristiques qui lui confèrent un pouvoir de rétention en eau, une bonne structure physique par le biais des organismes qu’il abrite et une fertilité chimique en lien. Afin de préserver et de restaurer son fonctionnement de milieu vivant, plusieurs pratiques agricoles sont à adapter:

  • Le sol est un milieu vivant qui accueille un grand nombre d’organismes indispensables à sa structuration et à sa fertilité. Les vers de terre, par exemple, sont appelés les ingénieurs du sol du fait qu’ils vont, de part la création de leurs galeries et de leurs déjections, structurer, redonner de la porosité des sols et stabiliser la structure du sol. Ainsi, le sol sera en plus grande capacité de rétenir l’eau et les éléments nutritifs dissous dans la solution du sol. Cependant, pour cela, il faut arrêter de passer des outils qui vont venir, continuellement, perturber le milieu de ces organismes: il faut donc réduire, voire supprimer le travail du sol.
  • Considérons maintenant le sol comme une réserve de microorganismes, il leur est nécessaire, comme tout un chacun, de s’alimenter. Il faut donc nourrir ces microorganismes contenu dans le sol et ce, grâce au végétal. C’est la plante qui, grâce à la photosynthèse va utiliser l’énergie solaire pour produire des sucres organiques qu’elle restituera au sol par l’exudat de ses racines. C’est alors les microorganismes qui vont les digérer et permettre leur minéralisation libérant ainsi les éléments (sous forme assimilables) indispensables à la nutrition de la plante. Ce cycle du carbone est indispensable à la nutrition de la plante et donc des cultures mises en place. Apporter de la matière organique fraiche au sol permet donc de nourrir son sol, rendre disponible et assimilable à la culture les éléments dont elle a besoin grâce aux organismes du sol. De surcroît, la plante va constituer une protection physique du sol vis-à-vis de la pluie et la matière organique apportée va permettre une meilleure cohésion des agrégats du sol qui, de ce fait, se tiendra mieux. Surtout l’hiver, protéger vos sols avec des couverts d’intercultures!!

Pour en savoir plus :

http://agriculture-de-conservation.com

http://www.apad.asso.fr/

Réussir la simplification du travail du sol

Le sol est un milieu vivant à préserver !

Il existe plusieurs moyens, plusieurs techniques pour limiter l’impact des outils sur nos sols, voire remplacer le passage d’outil par le végétale pour réaérer et structurer nos sols. La clé de la réussite de ces nouvelles pratiques est la réussite du couvert d’interculture. C’est lui qui va restructurer le sol, étouffer les adventices, protéger le sol contre une dégradation physique, bloquer durant l’hiver les éléments nutritifs, les accumuler puis les restituer à la culture suivante. Le travail du sol, c’est lui qui va l’effectuer ! Pour cela, il faut veiller à son implantation, aux espèces qui le composent et à sa destruction et toujours, limiter au maximum l’impact sur le sol et ses habitants.

Ne pas retourner le sol = réaugmenter et redévelopper l’activité biologique + créer une couche protectrice en résidus organiques et humus

Bonne structure en profondeur pour une bonne exploration racinaire = limiter la compaction des sols par le passage répétitif d’engins et pneu basse pression

Déchaumage et faux semis = travail très superficiel 2 à 5 cm + mise en contact avec vie biologique du sol

Réussir son couvert= structuration du sol par volume racinaire important + protection de la surface + maîtrise du salissement + mélange d’espèces complémentaires

Semis de qualité = maintien humidité par matière organique fraiche + sol ferme mais bien structuré

Surveiller les parasites (limaces, mulots,…) = travail superficiel en été + destruction repousse notamment colza pour limiter l’alimentation

Concevoir une rotation cohérente = casser le cycle des ravageurs par l’introduction de nouvelle culture + alternance culture d’automne et printamps + allonger la rotation par des couverts

Ensemble prévenons le risque d'inondation